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portrait du père Huc

Le Père HUC

un Caylusien dans la cité de Bouddha

Le Père Régis-Evariste Huc naquit à Caylus le 1er juin 1813, dans une maison située à l’entrée de la ville en venant de Montauban. Son père, Jacques-François-Régis Huc, était employé de la Régie dans ce chef-lieu de canton. Sa mère, Marie-Rose Maleterre, avait déjà deux enfants et désespérait d’en avoir d’autres. Lorsqu’elle ressentit les espérances d’une nouvelle maternité, elle prit le chemin de Livron et consacra à la vierge son troisième fils.

Devant l’autel, a écrit un frère du missionnaire, né après lui, elle promit de consacrer à la propagation de l’Evangile le fils qui tressaillait dans son sein. L’enfant naquit et vécut. La famille s’établit bientôt à Toulouse et quand le jeune abbé Huc annonça timidement à sa mère sa décision d’être missionnaire, la maman raconta à son fils "sa consécration" devant l’autel de Notre-Dame de Livron.

Entré chez les Lazaristes en 1837, il s’embarque au Havre en février 1839, à destination de la Chine. Il touche le sol chinois en 1840, au moment où le Bienheureux Gabriel Perboyre, Lazariste, né à Mongesty (Lot), jadis pèlerin de Livron, l’arrosait de son sang.

Revêtu de la tunique chinoise de Gabriel Perboyre, le père Huc atteint son poste de Si-Wan au nord de Pékin, le 17 juin 1841. Trois ans après, en 1844, il est désigné pour explorer la Mongolie avec son dédale de cités et de tribus, de royaumes nomadiques et de provinces féodales. En décembre 1845, le voilà, avec quelques compagnons, dans les montagnes du Tibet, à 5 000 m d’altitude. C’est le 29 janvier 1846 qu’il voit apparaître Lhassa, la capitale de l’Asie religieuse, la cité de Bouddha, où Jésus-Christ, dit-il à ses amis de voyage, va être prié pour la première fois. Menacée de mort, l’équipe missionnaire repart le 15 mars 1846, repasse en Mongolie et y fonde une mission, puis traverse la Chine et atteint la capitale en 1850. Là, le père Huc comprend que sa santé, très affaiblie, ne supportera pas longtemps le climat. En effet, en 1852, il est obligé de quitter la Chine : il visite les Indes, la Palestine, la Syrie et parvient en France.

Il écrit ses souvenirs : "L’Empire chinois", "Les quarante-deux points d’enseignement proférés par Bouddha", "Le Christianisme au Tibet, en Tartarie et en Chine". Il meurt à Paris le 25 mars 1860.

Les souvenirs d’explorateur du père Huc, publiés en 1850, étaient introuvables. Ils viennent d’être réédités. Le père Huc demeura six années en Chine et, à son retour, il écrivit "Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Tibet et la Chine". Un récit publié en 1850, devenu rare et qui, pendant la deuxième moitié du XIXème siècle, a connu un très vif succès. Ce texte, composé en Chine de 1944 à 1846, émaillé de notes et de très nombreuses illustrations, vient d’être réédité (Editions Domaine tibétain, deux volumes). Un livre qui a gardé toute sa fraîcheur et son intérêt.

 

"Ce cher père Huc" par Cécile Iordanoff

En sortant de Caylus en direction de Caussade, une petite plaque discrète orne la maison native d’un certain « Régis Evariste Huc, missionnaire Lazariste, explorateur de la Mongolie et du Tibet, premier Européen qui ait pu pénétrer à Lhassa ».

Régis Evariste Huc voit donc le jour le 1er juin 1813 sur cette avenue prédestinée au voyage et au passage qui portera plus tard son nom.

Première escale : le petit séminaire de Toulouse, puis Paris, où le jeune Régis rejoint la Congrégation de saint Lazare. Tout juste ordonné prêtre, en 1839, il embarque au Havre pour les missions de Chines. Pourtant le sort réservé aux missionnaires dans cette partie du monde est de nature à refroidir les vocations. Si l’on ne meurt pas étranglé, on vit martyrisé. Mais notre Caylusien n’est pas de nature à se laisser impressionner.

Deux ans après son arrivée à Macao, lorsqu’on le désigne pour évangéliser la « Tartarie », il embrasse la nouvelle avec enthousiasme. Digne précurseur de l’aventurier Tintin, il se rase la tête, aménage une longue tresse, maquille son visage, ses sourcils, revêt des vêtements chinois. Ainsi déguisé, il franchit la grande Muraille via Pékin et rejoint son affectation dans un petit village de la Mongolie Intérieure. C’est là qu’il rencontre son futur compagnon de voyage, le père Gabet. Après avoir consciencieusement converti au catholicisme le jeune Lama qui leur servira de guide et appris le mongol, nos deux Lazarites partent pour le Tibet. Un « ex-lama » sur un mulet, deux missionnaires déguisés en Mongol sur un cheval, quelques chameaux et un chien composent l’étrange petite troupe. Nous sommes en 1844. Les plus folles aventures peuvent commencer.

Nos missionnaires traversent déserts, villages en guerre, montagnes escarpées et rivières en crue avec un moral d’acier. Huc porte un regard émerveillé sur les peuples qu’il rencontre. Il étudie chaque scène en ethnologue autant qu’en homme de religion. Et c’est ainsi que, mêlés à une caravane de pèlerins rencontrée en route, le 20 janvier 1846, les pères Huc et Gabet pénètrent à Lhassa. Dans la ville sainte, on se précipite pour observer ces « Lamas venus d’Occident » originaires d’un pays inconnu.
Pourtant, n’en déplaise à notre fierté de Caylusien, les pères Huc et Gabet ne seraient pas les premiers Européens à entrer à Lhassa. Au XIIIe siècle, Odoric de Pordenone les aurait précédés ainsi que les capucins Joseph de Asculi et François de la Tour. Puis on note les Belges Grüeber et Albert d’Orville au XVIIe siècle, Ippoliti Desidéri, le Russe Zïaïev, Georges Boggle et un certain Moorcroft. Ce qui n’enlève rien au mérite d’Huc et Gabet. Entrer à Lhassa au XIXe siècle relève de l’exploit et en ressortir vivant du miracle. Nos missionnaires se mettent à l’ouvrage et entament tranquillement leur projet d’évangélisation.
Mais les autorités locales ne voient pas d’un bon oeil l’incursion de ces deux étrangers dans la vie de leur cité. Ils sont poliment convoqués et sommés de rejoindre la Chine sous bonne escorte. En un mot. Ils sont expulsés vers Sse Tchouan pour y être jugés. Voilà donc Huc et Gabet condamnés à un nouveau voyage de huit mois. Ils franchissent des cimes redoutables où l’on meurt de froid, du mal des montagnes ou de chutes vertigineuses. Gabet manque succomber. Il faut en convenir, la foi inébranlable de nos deux missionnaires leur sera d’un grand secours pour garder espoir. Enfin, éreintés mais vivants, nos deux aventuriers atteignent la province de Sse Tchouan. De ce long voyage, Huc reviendra avec une foule de souvenirs qu’il transcrira dans un livre intitulé « Voyage dans la Tartarie et le Tibet ».

Là commence le deuxième volet de l’aventure de nos deux missionnaires. Jugés innocents au cours d’un procès théâtral, ils doivent néanmoins regagner Macao. Mais, protégés par les ordres d’un « vice-roi », ils accomplissent le trajet en palanquin, côtoyant cette fois la haute société chinoise. Ainsi naît un second volume de récits, « l’empire chinois ». Plus documenté que le premier mais toujours très axé sur « l’observation » personnelle, le livre démontre une fois de plus les qualités journalistiques de notre prêtre.

Après quelques années plus calmes consacrées à la recherche et à l’écriture, le père Huc songe à rentrer en France non sans effectuer un petit détour par les Indes, l’Egypte, la Syrie et Jérusalem.

Il meurt à Paris en 1860 à l’âge de 46 ans.

Son oeuvre reflète l’originalité de sa personnalité. D’une part un intellectuel, un idéaliste attiré par la spiritualité et les longues études, comme le prouvent sa facilité à apprendre les langues, l’étendue de sa culture et des ouvrages analytiques tels que « Le christianisme en Chine ». D’autre part un « bon vivant », un homme ouvert, optimiste, doté d’un humour formidable qui lui vaudra d’être reconnu par l’Académie Française. Il suffit pour cela de lire sa description d’un cadavre que l’on doit découper pour le transporter, les attaques des brigands, le cliquetis des outils des bourreaux au tribunal ou encore une dégringolade de yack dans les montagnes tibétaines.

Par bonheur, les deux principaux ouvrages du Père Huc, « Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Tibet », et « L’empire Chinois » sont disponibles auprès de nos chers bibliothécaires Caylusiens.